Portrait
Je m’appelle Hervé Gillet, je suis ferronnier d’art.
On me demande souvent pourquoi j’ai choisi ce métier…
Je me suis souvenu de mon enfance, de cet ami de mon grand-père, ”le père About” comme on l’appelait, c’était le forgeron du village. Quand je rentrais dans son atelier pour récupérer un objet que mon grand-père lui avait confié à réparer, le temps ralentissait.
Le son du marteau sur l’enclume, le soufflet qui attisait d’un coup les flammes et l’odeur mélangée du charbon et du métal, tout m’était agréable, j’étais à la fois intimidé et impressionné par ce personnage.
Cet univers je l’ai fait mien. Celui où l’objet est unique, entièrement fait main selon des techniques ancestrales. C’est ce que vous trouverez en rentrant dans mon atelier où je fabrique des pièces plutôt sobres avec des détails plus sophistiqués.
J’exerce un métier qui a du sens et en adéquation avec ma volonté de participer à un tissu économique local loin de la course effrénée de la société du jetable.
L’atelier de forge de Moiremont, semblable à celui du père About.
Auparavant j’ai été commercial pendant 25 ans auprès de la grande distribution, je visitais des supermarchés.
Après un bilan de compétence et le dépôt d’un dossier TransiPro à la région GrandEST pour le financement durant mon congé formation, tout pouvait enfin commencer.
Formé au lycée Boutet de Monvel à Lunéville, j’ai obtenu un CAP Ferronnerie d’art.
D’abord maîtriser un feu de forge pour chauffer le métal à la bonne température et pouvoir le modeler au gré de mes envies, comprendre le déplacement de la matière, ici tout fonctionne un peu comme avec la pâte à modeler, mais la matière résiste. L’intélligence du geste est mise à rude épreuve, l’expression “c’est en forgeant qu’on devient forgeron” prend tout son sens, il faut répéter, répéter encore pour maîtriser ses coups de marteau, anticiper pour parvenir à modeler la forme choisie à partir d’une forme qui n’a rien à voir avec le résultat attendu.
J’ai pu continuer à apprendre, grâce au dispositif de transmission de savoir-faire rares et d’excellence organisé par la Fremaa. Pendant 1 an, dans l’atelier Schaffner, j’ai eu la chance de côtoyer des meilleurs ouvriers de France, des compagnons du devoir, des ouvriers extrêmement qualifiés et compétents qui m’ont transmis l’exigence de l’entreprise et de leurs clients pour des travaux d’exception dans l’univers du luxe notamment.
Retour au temps long, aux gestes précis et aux techniques ancestrales de ce métier passionnant qui apprend la patience. La réalisation d’un objet, sans parler de sa conception, nécessite beaucoup de minutie et de précision.
Convaincu que l’artisan d’art a toute sa place dans la société actuelle, je m’applique à proposer des objets conçus et réalisés entièrement à la main dans les règles de l’art, conçus pour durer et avec des lignes originales.